Un salarié de TF1 licencié pour un mail contre la loi Hadopi
2 participants
Auteur
Message
Aroya
Nombre de messages : 676 Date d'inscription : 20/12/2008 Localisation : Lorraine
Sujet: Un salarié de TF1 licencié pour un mail contre la loi Hadopi Ven 8 Mai 2009 - 20:27
Le simple transfert d'un e-mail a coûté sa place à un responsable de la stratégie du site Internet de TF1. En quelques jours, Jérome Bourreau-Guggenheim, la trentaine, a été licencié. Motif : sa prise de position sur la loi Hadopi, dite "Création et Internet", un texte visant à réprimer le piratage et défendu par la ministre de la Culture Christine Albanel.
Voilà plusieurs semaines, par l'intermédiaire de son e-mail personnel - Gmail, et non celui de TF1 -, Jérôme écrit à sa députée, l'UMP Françoise de Panafieu. Il lui dit son attachement à la lutte contre le piratage, mais aussi son opposition au dispositif de sanctions contre les internautes prévu par le texte.
Bonne foi ?
La députée transfère l'e-mail au cabinet de Christine Albanel, au ministère de la Culture, partie prenante dans le projet de loi en discussion à l'Assemblée nationale. Françoise de Panafieu réclame des services du ministère un argumentaire afin de pouvoir répondre à cet internaute. Cette démarche est assez fréquente de la part d'un député soucieux de répondre précisément aux questions de ses administrés. Résultat : son interlocuteur rue de Valois s'étonne d'une telle prise de position provenant d'un salarié de la chaîne privée. Il alerte Jean-Michel Counillon, secrétaire général et directeur des affaires juridiques de TF1, et lui transmet le mail de Jérôme Bourreau-Guggenheim. À partir de là, tout s'emballe !
Christine Albanel regrette la décision de TF1...
La hiérarchie de TF1 s'émeut immédiatement dudit courrier électronique, et réclame des explications au patron de la filiale Internet du groupe, Arnaud Bosom. En l'absence de toute communication officielle de la chaîne sur le projet de loi Hadopi, le salarié argue de sa bonne foi, insiste sur le fait que son e-mail est d'ordre purement privé et rappelle qu'il n'a pas été envoyé à partir de sa boîte électronique professionnelle. Lasse, la chaîne, invoquant une rupture de confiance, préfère se séparer de son stratégiste.
Contactés par lepoint.fr, les proches conseillers de Christine Albanel se disent très choqués et alarmés de la tournure dramatique des événements : "On n'a jamais réclamé la tête de ce salarié. La réaction de TF1 est très exagérée ! Cette décision est vraiment regrettable." Interpellée jeudi après-midi à l'Assemblée sur cet imbroglio, la ministre de la Communication a assuré qu' elle n'était au courant de rien et jure ne jamais avoir demandé la démission du salarié de TF1. "A ma connaissance, rien n'a été transmis", a-t-elle assurée. Dans la lettre de licenciement de son ex-collaborateur, TF1, qui, a réagi jeudi soir à cette affaire en justifiant le licenciement de son salarié , fait pourtant clairement mention du rôle joué par le ministère de la Culture dans cette affaire, indiquant, en toutes lettres : "Cette correspondance nous est parvenue via le cabinet du ministre de la Culture qui l'a adressée le jour même à la société TF1"...
Regardez la réaction de Christine Albanel, jeudi devant les députés à l'Assemblée nationale :
Dernière édition par Aroya le Ven 8 Mai 2009 - 20:28, édité 1 fois
Aroya
Nombre de messages : 676 Date d'inscription : 20/12/2008 Localisation : Lorraine
Sujet: Re: Un salarié de TF1 licencié pour un mail contre la loi Hadopi Ven 8 Mai 2009 - 20:28
HADOPI - Controverse autour du licenciement d'un salarié : TF1 s'explique
Après avoir longuement pesé le pour et le contre, le groupe TF1 sort de son silence et justifie le licenciement de son collaborateur (Jérôme Bourreau-Guggenheim), auteur d'un mail privé critiquant la loi Hadopi, un mail transmis à la direction de TF1 par l'intermédiaire d'un collaborateur de Christine Albanel, la ministre de la Culture.
Selon un communiqué de la direction de TF1, Jérôme Bourreau-Guggenheim a pris "publiquement à plusieurs reprises" des prises de position "particulièrement radicales" contraires, selon elle, au soutien du groupe TF1 au projet de loi Hadopi et à son procédé de riposte graduée. La chaîne relève que son collaborateur s'est exprimé en qualité de "responsable du pôle innovation Web de TF1". Dans son mail, d'abord adressé le 19 février 2009 à la députée François de Panafieu, il précisait bien connaître les problématiques d'internet du fait de ses responsabilités à TF1. Imprudence ?
Toujours est-il que TF1 s'appuie sur ce mail pour évoquer les deux motifs de son licenciement : des prises de position "contraires aux déclarations officielles du groupe TF1, notoirement en faveur de cette loi", et "incompatibles avec ses responsabilités au sein d'e-TF1, filiale du groupe en charge, également, de la lutte contre le piratage sur internet." Enfin, l'entreprise TF1 "déplore d'avoir été contrainte de mettre sur la place publique une décision qui concerne l'un de ses collaborateurs dans une affaire strictement interne".
Le conflit semblant insoluble à l'amiable, il devrait se diriger maintenant vers le conseil des prud'hommes. Dans la lettre de licenciement de son ex-collaborateur, TF1 faisait clairement mention du rôle joué par le ministère de la Culture dans cette affaire , indiquant, en toutes lettres : "Cette correspondance nous est parvenue via le cabinet du ministre de la Culture qui l'a adressée le jour même à la société TF1." Les juges demanderont certainement cette pièce à conviction. Ce qui placera Christine Albanel dans une position bien délicate après ses déclarations, jeudi devant la représentation nationale, selon lesquelles "à (s)a connaissance, rien n'a été transmis"... On notera l'usage du mot 'radical' par TF1. Le ton du mail de son collaborateur était certes véhément comme peut l'être celui d'un passionné et d'un expert.