Petit extrait, P. 402-403 :
"La stratégie de l'épouvantail " :
Les quatre lois de manipulation des foules :
1 - Le principe de l’émotionnel :
On peut nous inciter à nous forger une opinion personnelle non réfléchie rien qu’en jouant sur l’émotionnel.
Dés le moment où l’on aborde le thème de la maladie, des enfants, de l’injustice de la nature, on a un petit pincement au cœur qui nous ôte notre capacité à analyser les observations objectivement.
2- Le principe de progression :
On peut nous faire adhérer à une opinion par petites étapes progressives.
Prises indépendamment, elles sont toutes acceptables, voire logiques. Mais au final nous nous retrouvons face à une conclusion que nous aurions spontanément refusée si elle nous avait été présentée globalement. Dés le moment où l’on a commencé à se positionner sur le rail du «oui» ou du «non», c’est à dire l’adhésion à un drapeau, un groupe, une idée, nous avons tendance à camper sur la position. Par habitude. Ou absence de réflexion.
3 – Le principe de diversion :
On peut nous faire croire que nous décidons librement en nous posant les mauvaises questions.
4- Le principe de l’épouvantail :
On utilise comme repoussoir un groupe auquel on a envie de dire systématiquement non. Parce que les membres de ce groupe font tout pour être antipathiques. Ils s’assument dans leur noirceur et leur mauvaise foi.
Instinctivement, on vote le contraire de ce que ce groupe d’épouvantail propose. Inconsciemment, nous nous positionnons : « cet argument vient d’eux, alors il doit être rejeté .
Là encore, l’émotionnel nous empêche de raisonner sur des bases objectives. Encore un conditionnement et une paresse d‘esprit qui nous incitent à agir sans analyser la situation.
Ainsi, pour imposer au troupeau une direction qui ne l’intéresse pas, il peut se nouer une alliance secrète entre les bergers et les loups. Par peur, le troupeau fonce volontairement dans la direction opposée aux loups, sans prendre le temps de s’informer. Grâce à l’effet répulsif des loups, le troupeau devient aveugle et conditionnable à souhait. Une tactique familière des hommes politiques.
D’autant que le troupeau, la main sur le cœur, pourrait jurer avoir lui même choisi son chemin.
Le plus dangereux étant que la plupart d’entre nous ne s’en aperçoivent pas et croient sincèrement opérer des choix en leur âme et conscience. Dés lors, ils revendiqueront leur vote « mouton » comme un choix personnel réfléchi.
Bernard Werber « Paradis sur mesure »