PARADIS FISCAUX, La Grande évasion

Paradis fiscaux, la grande évasion.
Un film de Frédéric Brunnquell.
Diffusion le 15 mai à 23H05 sur France 2. dans Infrarouge.

Le secret bancaire était une sorte de dogme en Suisse depuis 1714. Depuis cette semaine, il est brisé et comme ces dominos qui, l’un après l’autre, tombent, cette première risque fort d’en annoncer d’autres, dans une situation de crise internationale, où la mise au pas des paradis fiscaux est devenu un enjeu. En Suisse, le secret bancaire n'est pas une plaisanterie : sa violation était passible de peine de prison. Aux États-Unis, c'est la fraude fiscale qui ne pardonne pas. Dans l'affaire UBS, si les autorités suisses refusaient de transmettre des noms des clients américains les plus fraudeurs, non seulement UBS perdait son droit d'exercice aux États-Unis, mais tous les clients de la banque perdraient la possibilité de détenir des titres américains. Finalement, la Confédération a autorisé ce fleuron de la finance à livrer les noms de 250 de ses clients américains à la Justice de leur pays.

Mais moins de 24 heures après un accord à l'amiable, le ministère américain de la Justice a annoncé qu'il avait porté plainte pour exiger qu'UBS livre des informations sur 52.000 comptes secrets identifiés par le fisc comme appartenant à des Américains, qui recèleraient près de 15 milliards de dollars d'actifs ! C’est qu’avec Obama les choses s’accélèrent : lorsqu’il était encore sénateur de l’Illinois, il avait déposé une proposition de loi visant à limiter l’évasion fiscale vers les territoires offshore. Les paradis fiscaux sont également dans le collimateur du G20. Le premier ministre britannique a appelé à «une action mondiale contre les paradis fiscaux».

L’Europe demande à bénéficier des mêmes mesures

Rien ne peut faire plus plaisir à la France et à l'Allemagne qui font de la lutte contre les «trous noirs de la finance» une priorité pour le G20. À Bruxelles, l’Union européenne réclame à l’avenir un traitement identique à celui consenti aux Américains. Les pressions étaient fortes, elles vont devenir plus fortes encore. Avant le discours de Nicolas Sarkozy contre les parachutes dorés, c’était François Fillon qui, il y a quelques semaines, avait demandé purement et simplement la «suppression» des paradis fiscaux, à la surprise générale des ONG qui depuis des années, sur ce sujet, prêchaient dans le désert. Supprimer le secret bancaire permettrait sans doute de couper court au blanchiment d’argent sale, mais mettrait également en lumière les liens douteux qu’il existe entre cet argent sale et certains hauts-placés de certains gouvernements. On peut toujours rêver, même si, à l’évidence, une dynamique est définitivement enclenchée.